Atelier de quartier BRI-Co à Saint-Josse

 

C’est au bas des tours HBM à Saint-Josse que s’est installé un BRI-Co (Bureau de Recherche et d’Investigation sur les Communs). A cette occasion, les habitant·e·s étaient invité·e·s à venir partager un thé, un café ou un repas chaud pour discuter de la « mémoire du quartier ». La participation fut importante et les échanges riches ! Retour de Zine El Barouta (RAQ), sur cet événement marquant.

« J’habite ici depuis 40 ans et je vois que mon quartier s’est dégradé… J’aimerais lui rendre hommage ». Ces mots ont été prononcés par une habitante du quartier aux travailleur·euses du Projet de Cohésion Sociale Botanique. En organisant différents événements, les acteur·ice·s du quartier ont voulu soutenir cette demande, qui émane également d’autres habitant·e·s. L’idée étant de recueillir et valoriser les récits des Tenoodois sur leurs lieux de vie en encourageant la participation des habitant·e·s à la démarche.

C’est dans ce contexte qu’un atelier de quartier utilisant le dispositif BRI-Co a été proposé. Ce furent 3 jours merveilleux de rencontre autour d’un bon repas ou d’une tasse de café. J’ai été honoré d’écouter tous ces récits de vies. Recueillir des témoignages avec les habitant·e·s, c’est engager une conversation pour creuser le beau passé du quartier et ses aspects positifs sans directement le renvoyer aux problèmes dont il souffre.

Voici quelques personnes que j’ai pu rencontrer :

Un jeune couple belgo marocain, un informaticien et une maman de foyer tenaient à nous rendre visite pour cet évènement car ils habitent à 5 mètres de la place. Le mari nous a parlé de son passé dans le quartier lorsqu’il fréquentait diverses associations locales : le clou, le caveau, inser’action… Il m’a dit : « Parfois j’hésite à quitter le quartier mais les relations que j’ai nouées avec le voisinage et la présence d’un grand nombre d’infrastructures : associations, magasins, parcs, installations m’incitent à rester ».

M. Freddy (70 ans), actif dans un festival de films, vit à SJTN depuis 60 ans et connait bien tous les acteurs formels et informels, ainsi que l’évolution qui s’est produite dans la commune. Il reste toujours un militant communautaire et ne se lasse pas de sensibiliser la population dans tous les domaines. M. Freddy n’a jamais cessé de vanter les aspects positifs du quartier : « STTN est cosmopolite », « SJTN à l’esprit communautaire », « SJTN a passé plein de barrières », « On doit s’intéresser pleinement à la culture, l’enseignement, les jeunes », « On doit dénoncer la spéculation foncière », « Je ne comprends pas pourquoi les habitants fuient la commune alors qu’il y a tant des maisons à l’abandon ». M. Freddy est tellement nostalgique du passé qu’il considère qu’il y a quelques décennies, SJTN était la capitale du cinéma en raison de la présence d’un très grand nombre de salles (entre 7 et 8) ainsi que des distributeurs, labos pellicule, vendeurs des projecteurs….

Madame Fatima (la soixantaine), qui a lancé l’idée du projet « hommage », vit depuis une cinquantaine d’année dans le même quartier. Après la première vague de l’immigration fin des années 50 (où l’on a fait venir de la main d’œuvre du Maroc), elle et sa famille sont arrivées alors qu’elle n’avait pas plus de 6 ans. Comme tous les autres enfants, elle a été scolarisée jusqu’ à ce qui elle devienne une jeune femme et entre sur le marché d’emploi. Elle a travaillé comme vendeuse retoucheuse (lingerie)… Elle est étroitement liée au quartier mais elle regrette malheureusement l’état actuel du quartier, qu’elle considère comme étant dans un état misérable. « Quand je parle avec un cœur serré et crispé de choses négatives, j’en parle avec passion parce que j’aime cette commune et je veux restaurer son respect ». « Malgré ma frustration et ma déception que ce soit pour le travail associatif ou institutionnel, ou encore le bénévolat, je garde ici de merveilleux souvenirs et je termine avec mon slogan rituel : respectez ce quartier, comme vous respectez chez vous ».

A l’issue de ces trois jours, on a pu sentir que la solidarité est véritablement une valeur forte du quartier, qu’il y a des lieux emblématiques et des associations qui forgent une identité solide dans la diversité des cultures et des talents d’hier et d’aujourd’hui. La suite sera probablement riche en émotions puisqu’on envisage d’organiser un atelier d’expression artistique pour témoigner de cette mémoire commune.

Zine El Barouta